Sunday 17 March 2013

Nouvelle 2de3


Nouvelle 2de3
De Eleonore Pommereau et Anne Dauphine de Kehror 
 
Les avions en papier
 
« Un autre avion de l’armée disparait à proximité de Las Tunas à Cuba» annonçait la radio en ce 20 juin 1962. Alex prenait son petit-déjeuner lorsque le présentateur commenta la nouvelle. Cela faisait un mois et demi que les avions expérimentaux des services secrets cubains disparaissaient dans ce périmètre. Le jeune-homme était un des éléments prometteurs de la CIA et, grâce à ses capacités bilingues espagnol-américain, il avait été chargé d’une mission à Cuba. Il travaillait comme ingénieur dans les services cubains. Il servait d’informateur pour ses supérieurs et organisait l’opération « vol d’hirondelles » depuis un an. Il se devait d’être très prudent car cette mission était seulement la première phase de l’opération « mangouste » qui était prévue pour cet octobre et préparée depuis novembre dernier. Tout soupçon de la part de l’ennemi mettrait les événements à venir en péril. 

La veille au soir, la troisième maquette des avions supersoniques cubains avait été dérobée par ses collègues de la CIA et Alex espérait que personne n’ait de doute le concernant. C’est donc avec appréhension qu’il se rendit sur le chantier à La Havane, à une heure de son domicile. En arrivant, les autres ingénieurs le saluèrent sans paraître hostiles à son égard. Soulagé, il se rendit auprès du général Lopez, qui lui décrivit la situation et lui ordonna d’aider à la reconstruction d’une maquette. « Malgré la disparition de ses avions, il persiste à vouloir en faire de nouveaux au lieu d’agir, se dit-il, il devrait pourtant enquêter sur les vols s’il ne veut pas que ses nouvelles maquettes ne connaissent le même sort que leurs prédécesseurs ! » 
Le soir, de nouveau chez lui, il attendit avec impatience les ordres de son supérieur, le colonel MacAfferty. Celui-ci ne se fit pas trop attendre et le téléphone sonna. Sachant toutes les lignes surveillées, le colonel donna rendez-vous à son officier dans un restaurant à l’autre bout de l’île. Une heure et demie plus tard, Alex trouva la voiture de son chef en face du troquet et monta à l’intérieur. 
« Officier Alexander James au rapport, se présenta-t-il selon les règles en vigueur.
-Bonjour Alexander, dit MacAfferty, les nouvelles sont bonnes ?
- Oui mon Colonel, répondit-il, personne ne me soupçonne. Je commence même à être apprécié de Lopez. Il m’a confié la reconstruction d’une nouvelle maquette. Encore une qui leur passera sous le nez !
- Bon travail. Je savais que vous en étiez capable ! De retour à Washington, vous serez récompensé de votre travail. Pour le moment, la mission poursuit son court. Bonne nuit Alexandre et surtout, restez vigilant et ne sous-estimez pas l’ennemi. Lopez est plus malin qu’il ne le laisse croire.
-Merci mon Colonel. A bientôt ! » Il sortit de la voiture et rentra discrètement chez lui.
Trois jours après, le dessin de la nouvelle maquette était fini et il fallut assembler les pièces. Mais alors qu’Alex apportait les matériaux nécessaires à sa construction, un des ses collègues cubain, pressé, le bouscula en courant. Surprit, il laissa tomber tout ce qu’il avait dans les mains et trébucha. Il en oublia qu’il possédait son pistolet Glock 23 dans sa ceinture, qui, sous le choc, glissa plusieurs mètres plus loin. Avec le bruit de sa chute, toutes les personnes présentes dans la pièce se retournèrent vers lui et virent son arme, ce qui leur donnait la preuve que c’était lui le traître qui leur volait les maquettes. Alex se releva en vitesse et se précipita vers la sortie, prenant le pistolet au passage. Il courut à l’extérieur du bâtiment et, voyant qu’il était poursuivit, se cacha derrière une jeep, stationnée un peu plus loin. Stressé et se reprochant sa maladresse, il attendit une quinzaine de minutes. Mais alors qu’il allait se relever pour se diriger vers la station de bus, et qu’il vérifiait que personne n’était autour, il entendit des pas se rapprocher et se rassit d’un seul coup. Soudain, il sentit sa vue se brouiller alors que quelqu’un l’appelait en criant.

« ALEXANDRE !, s’écria le professeur d’histoire, pour la dernière fois, peux-tu me répéter ce qu’il s’est passé à Cuba en 1962, au lieu de rêvasser et de jouer avec tes avions en papier ! »

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