Sunday 17 March 2013


Élégie
Je me rappelle notre dernière fois:
Toi sur ton lit de mort et maman aux abois.
Couché, plein de tumeurs, écrasé de silence,
Papa, maman et d'autres jouant la confiance.
Je savais que je ne te verrais plus jamais
Mais toi, tu croyais que cette horreur passerait.
Je me rappelle de ta souffrance si atroce
Qui s'emparait de ton être malgré ta force ...
Mais, confiant, tu disais qu'il fallait tout donner,
Ni abandonner ni susciter de pitié.
Tout juste douze ans quand tu appris la nouvelle!
Mais tu te montras insouciant tel l'hirondelle:
Alors que mes larmes ne cessaient de couler,
Crâneur, mille fois frère, tu me consolais.
Tu me disais que tout allait bien se passer
Mais il semble qu'en haut on ne t'ait pas écouté.
Par nos jeux et nos disputes nous étions deux,
Maintenant je vis seule dans ce béant creux.
Je me dis que j'aurais dû rester près de toi,
Telle une Juste te soustraire dans mes bras
À l'horreur du cancer. Mais même les nazis
Se montrèrent plus tendres que ta maladie.
Mais ma raison est infirme et mes noirs tourments
M'accompagneront sans doute éternellement.
Je me dis que j'aurais dû être bien plus forte,
Quand si discrètement tu frappais à ma porte,
Mais je ne savais pas du tout comment agir.
Perdue, je ne voulais pas nous faire souffrir.
Un jour nous nous reverrons, je t'expliquerai,
Et pour toujours se cicatriseront nos plaies.

Clara Yared

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