Wednesday 13 March 2013

Euro-Vegas ou le Don Juan américain


Euro-Vegas ou le Don Juan américain
 
Sheldon Adelson, le magnat de casino américain, n’est pas satisfait de ses recettes aux Etats-Unis.
Promoteur immobilier et propriétaire de plusieurs casinos, il est aussi renommé pour sa philanthropie (deux donations de 25 millions de dollars à l’association Birthright Israël entre 2006 et 2007, financement de programmes médicaux à l’université de Tel Aviv en 2011). En effet, il est la 13e fortune mondiale, selon le magazine américain Forbes.
C’est lui aussi qui finança en grande partie la campagne électorale du candidat à l’élection présidentielle Newt Gingrich, qui s’était présenté au primaire du Parti Républicain, mais qui s’est finalement retiré de la course le 2 mai 2012.
Il avait fourni 16.5 millions de dollars au républicain, une somme colossale.
A présent, ce n’est plus la présidentielle qui l’intéresse, mais Las Vegas. La capitale, si l’on peut dire, du « gambling » américain, dans l’état du Nevada, regroupe autour de 122 casinos, attirant les joueurs non seulement américains, mais internationaux.
Alors, pourquoi ne pas en créer une nouvelle ?
C’est ce que souhaite Adelson. Cependant sa volonté ne se limite pas à des simples paroles.
Son choix de lieu ? L’Europe.
L’Europe où, en pleine crise, les joueurs afflueraient, soucieux de mettre en péril jusqu’à leurs derniers sous pour se livrer à l’inconstance du jeu du hasard.
Adelson voudrait créer une véritable cité de casinos, en Espagne, soit à Barcelone, soit à Madrid.
Ce pays, dénombrant 5,273 millions de chômeurs en fin 2011 (soit 22,85 % de la population active), compte beaucoup sur la création de 260 000 nouveaux emplois (directs et indirects), et sur ce potentiel relancement de l’économie. Effectivement, le projet s’annonce alléchant : 6 casinos, 18 000 machines à sous, 3 terrains de golf, sans compter le nombre de théâtres, de cinémas et d’hôtels construits à l’occasion.
Si une branche de la population attend avec hâte la concrétisation de ce projet, ce n’est pas le cas du restant de la population qui, pour l’instant, refuse d’accueillir le jeu dans leurs plus grandes villes, et qui ne veulent pas devoir porter des modifications à leur système juridique en vue de ce projet.
On pourrait se demander à quoi servirait cette réforme. C’est pourtant bien simple! Sheldon Adelson voudrait autoriser l’accès aux casinos pour les mineurs, les majeurs incapables et les interdits de jeu. Il voudrait que les terres convoitées pour la construction d’« Eurovegas » soient cédées par le gouvernement espagnol, que les autorités espagnoles prennent en charge la construction de nouvelles stations de métro, d’autoroutes et de lignes d’autobus.
Etant peu exigeant, Adelson sollicite aussi le droit de fumer dans l’enceinte du terrain de jeu, la modification des lois sur le blanchissement d’argent (avec une autorisation de transfert illimité d’argent), et la modification des règles fiscales, entraînant une taxe sur le jeu et une autorisation des niches fiscales.
Si la population, en partie, dit non, le gouvernement et les autorités espagnoles disent oui. Quant à Adelson, il promet la poule d’or au plus offrant.
Pourvoyant une solution partielle à l’ « hémorragie de chômage » (selon Le Monde), « Eurovegas » représente aussi la soumission d’un peuple au plus fort, en un geste ultime et désespéré. Eléonore Pistolesi. (1ere ES)

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