Wednesday 11 December 2013

L’Immigration : carburant ou obstruant?by Victoria Taittinger


L’Immigration : carburant ou obstruant?by Victoria Taittinger
 
Passer la frontière, prendre l’Eurostar, qui du Lycée ne l’a pas fait? En moins d’une heure on passe de Londres à Calais. Le temps d’une interruption momentanée de la conversation de l’autre côté de la glace, on passe les douanes françaises. Les douanes anglaises peuvent s’accompagner d’une question ou deux.

Nos deux pays, leurs occupants, et leurs politiciens, voient l’immigration légale et clandestine d’un œil très différent.
En France on remarque une jeunesse outrée, indignée, et même scandalisée, s’élever contre l’expulsion de Leonarda et Katchik*. Alors que nous nous préparions à partir en vacances, nos camarades français, des bobos sentimentaux, se déchainaient la clope à la main. Mais quel dommage de ne pas s’être enchainé aux grilles du LFCDG en signe de manifestation ultime car, après tout, ne sommes nous pas - pour la plupart - des immigrants?
 
Il faut avouer que leur action porta ses fruits et aboutit en une déclaration apologique d’Hollande vue comme un « fiasco » par des éditeurs de droite comme de gauche.
Je suis, comme lui, d’avis que les forces de l’autorité manquèrent largement de discernement en allant chercher la jeune fille en pleine sortie scolaire, apparemment sur l’insistance de sa mère. Bien que les forces n’aient pas enfreint la loi, on ne peut qu’imaginer l’humiliation de Leonarda qui s’est fait emportée devant ses camarades qui la croyaient arrêtée. Par contre, que l’affaire ait trainée si longtemps et que le président déclare, à cause de la pression publique, que Leonarda est en droit de revenir pour finir sa scolarité en France seule est honteux. On attend d’un gouvernement, d’un président, plus de force s’il mène des décisions absurdes au lieu de faire face aux problèmes qu’il choisit d’ignorer, en demandant personnellement à une jeune de fille de choisir entre sa famille et la France. Au moins faut-il faire preuve de détermination.

L’immigration est un atout énorme pour tout pays qui est en mesure d’accueillir. 
Mais il faut savoir faire la différence entre immigrants moteurs, immigrants cherchant l’asile, et les migrants qui viennent à la recherche d’aides sociales qu’on ne peut leur offrir. Ils peuvent se retrouver à Calais dans des centres à même le sol ou dans des bâtiments vides à attendre le prochain passeur pour les faire traverser la Manche - un passage qu’ils seront peu à réussir avec une Angleterre qui reste stricte quand à ses politiques d’immigration dirigées par David Cameron, premier ministre, et Theresa May, ministre de l’intérieur.

En effet, les clandestins ne trouvent pas leur place de ce côté-ci. Vous vous souviendrez peut être des camionnettes publicitaires qui sillonnaient Londres l’été dernier illustrées de menottes et d’un message, « Au Royaume-Uni illégalement ? Rentrez chez vous ou vous risquez de vous faire arrêtez. »

Sans compter, des messages téléphoniques « Go home ! », s’accompagnant d’un texte de loi présenté par le gouvernement imposant une vérification du statut légal d’un individu avant l’ouverture d’un compte bancaire ou d’une dispensation de soins médicaux propagent cette idée de rigueur. À cause de ces campagnes jugées trop brutales, le Royaume-Uni est vu par beaucoup comme un pays fermé à l’extérieur. Selon The Economist, l’immigration serait impopulaire auprès des Britanniques.

Ils y sont plus opposés que d’autres grands pays européens avec 62% de votants de l’avis que les immigrants sont un obstacle supplémentaire pour trouver un emploi.
 
Pourtant, les chiffres on l’air de progresser avec environ 2.5 millions sans emploi en septembre 2013 selon The Office for National Statistics et un taux de chômage qui est tombé à 7,6% (pour 11% en France du fait de la croissance de la population active). Le Royaume-Uni est en accroissement, avec une progression du PIB de 0.8% au troisième trimestre, alors que la France atteint le 0%.

Face à de tels chiffres, on comprend le problème de l’immigration clandestine; sans papiers il est difficile de participer à la croissance active d’un pays, mais par contre le resserrement dans l’octroyassions de visas à des travailleurs internationaux déjà employés par des entreprises et surtout pour les étudiants non européens est obsolète.
 
Cameron, qui a promis de passer la migration net –taux d’immigration moins le taux de migration– en dessous de 100 000 en 2015, étant donné quelle est actuellement à 216 000, à eu la brillante idée de s’acharner sur ceux qui voient encore l’attractivité du territoire anglais et qui y amènent avec eux la consommation, la production et les cultures qui font vibrer le grand Londres. 
Il aimerait peut être pouvoir en faire autant contre les ressortissants européens et surtout l’afflux de Roumains et de Bulgares attendu l’an prochain après la levée de restriction à l’installation, mais qu’il le veuille ou non ils sont travailleurs et l’économie britannique en a besoin.
 
Un durcissement contre les clandestins est une chose, mais se mettre deux battons entre les roues par pur conservatisme alors que l’immigration est une force majeure et positive, quel génie ! Je dis chapeau bas pour les Tories.

Victoria Taittinger
[*lycéens étrangers expulsés puisqu’ils étaient en France illégalement]

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